Après avoir martelé, dans son discours d’investiture, le 24 janvier 2019, que tous les prisonniers politiques allaient être libérés dans un cours délai, le Chef de l’Etat, Félix Antoine Tshisekedi, l’avait répété devant les Congolais de l’étranger, respectivement le 05 février à Luanda, le 07 février à Nairobi, le 08 février à Brazzaville et le 10 février à la tribune de l’Union Africaine, à Addis-Abeba, lors de la 32me session ordinaire de cette organisation.
Pas plus tard que le samedi 02 mars, il a réitéré, cette fois, son engagement ferme de matérialiser sa promesse dans un délai de dix jours.
Selon le compte à rebours auquel se livrent des millions de compatriotes, il reste, au Chef de l’Etat, que quatre jours pour transformer sa parole en acte. Pour l’heure, les familles des prisonniers politiques retiennent leur souffle. Bien que le Président de la République ait clairement précisé les conditions d’éligibilité à sa mesure de grâce ainsi qu’à la libération conditionnelle, le suspense demeure total.
Beaucoup craignent, au regard des pesanteurs politiques d’une époque encore récente, que ce délai de 10 jours ne se transforme en une attente plus longue que prévue. L’on continue de redouter, en effet, un blocage de la part des dignitaires de l’ancien régime encore aux affaires, qui ne voient certainement pas d’un bon œil la remise en liberté de certaines de leurs victimes, qu’ils pensaient soustraire à jamais de la vie publique.
On peut rappeler, pour rafraichir la mémoire de tous, que Félix Tshisekedi a déclaré, lors de la présentation de son programme de 100 jours consacré à la construction et la réhabilitation des infrastructures :
« Sur le plan politique, pour consolider les acquis de la démocratie dans notre pays, j’ai décidé de faire de la décrispation un objectif majeur pendant les 100 jours. A cet effet, dans les dix jours, je vais prendre une mesure de grâce présidentielle au bénéfice de prisonniers politiques ayant été condamnés par des décisions coulées force de chose jugée. En même temps, je vais instruire le ministre de la Justice de prendre, dans le même délai susdit, toutes les mesures nécessaires, dans les conditions prévues de par loi, pour une libération conditionnelle de toutes les personnes détenues pour les délits d’opinion, notamment dans le cadre des manifestations politiques d’avant les élections ».
Pour apaiser les esprits, le Chef de l’Etat a intérêt à ne pas soumettre aux prolongations des familles des prisonniers politiques dont les dossiers remplissent les critères de fond et de forme pour leur relaxation. Ce moment historique de la décrispation totale du climat politique est si fiévreusement attendu que la moindre seconde ou minute de « glissement » risque d’être perçue comme un signal négatif.
Connu comme un homme de parole, dont les premiers pas comme homme d’Etat ont fait grosse impression dans l’opinion tant nationale qu’internationale, Félix Tshisekedi ne va sûrement pas rater l’occasion d’agir dans le sens des attentes des victimes de l’intolérance politique.