*D’abord le 5 mars, ensuite le 9 et maintenant le 20. La réunion évaluative que doivent tenir les représentants de Lamuka dans la capitale belge se fait continuellement décalée sous les positions politiques incertaines de ces derniers. Née à Genève le 11 novembre 2018, cette plateforme était essentiellement électorale créée dans l’idée d’assurer la victoire de l’opposition aux élections du 23 décembre 2018 et réaliser l’alternance démocratique avec Martin Fayulu. Echec… Ils ont malheureusement mordu de la poussière lors de ces scrutins. Une défaite que le Président de l’Ecidé refuse toujours d’acquiescer au nom de la « vérité des urnes ». Seulement, plus le temps avance, mieux il se fait lâcher politiquement par ses meilleurs amis d’il y a quelques mois, principalement Moïse Katumbi qui, lui, voudrait s’investir dans la véritable opposition et surveiller d’un œil appliqué la gestion du nouveau régime.
Le combat de la « vérité des urnes » que mène Martin Fayulu paraît actuellement, du côté de Moïse Katumbi et ses acolytes, comme étant un débat d’école perdu dans un monde professionnel. Depuis l’investiture de Félix Tshisekedi à la tête du pays, les ténors de la plateforme Ensemble pour le Changement ont progressivement mais surtout clairement exprimé leur désengagement à la lutte acharnée de la Coalition Lamuka visant, à tue-tête, à rétablir les véritables résultats de l’élection présidentielle du 30 décembre 2018. Même si l’ancien gouverneur du Katanga ne s’est pas personnellement prononcé à ce sujet, il l’a fait via Gabriel Kyungu, Christophe Lutundula, Olivier Kamitatu et dernièrement, Francis Kalombo… ce dernier affirmant de pleine augure que le Chairman avait soutenu la candidature de Fayulu et non son combat. Alors que les têtes d’affiche de Lamuka devraient se réunir à Bruxelles pour tenter d’évaluer la situation politique et harmoniser les vues, Katumbi, lui, a déjà pris ses distances.
Prêt à reprendre sa vie politique et business, Moïse Katumbi a déjà obtenu son passeport biométrique depuis la Belgique et pourra bientôt retourner sur le territoire congolais où il a même manqué de l’espace pour poser le moindre orteil pendant les dernières années du règne de Kabila. Preuve irréfutable que l’écart se creuse davantage entre lui et Fayulu qui s’acharne à se faire restituer ses voix attribuées, selon lui, à l’ancien président de l’Udps, Félix Tshisekedi.
Mutation
Juste avant la tenue des élections en décembre 2018, la montée en puissance de la plateforme Lamuka avec son candidat Martin Fayulu, fortement porté par ses pairs de l’opposition, était de la vigueur d’un vent à décorner les bœufs. Cette fougue a même engendré de la trouille au principal camp rival, le FCC et aussi au tandem Kamerhe-Tshisekedi qui, au nom de la « base », s’étaient retiré de l’Accord de Genève, 24 heures après la signature. A ce moment, le pari était prématurément gagné pour la nouvelle et principale force de l’opposition congolaise puisqu’il fallait à tout prix unir les forces pour espérer mettre à terre Emmanuel Shadary, le « dauphin » de Joseph Kabila, aujourd’hui ancien président de la République.
A la surprise générale, c’est Félix Tshisekedi qui a remporté lesdits scrutins. La donne a donc changé. Pour le Chairman, si Lamuka devrait encore exister, il faudra changer de statut et redéfinir les axes des objectifs pour lesquels ils doivent continuer de marcher ensemble. A tout dire, le but majeur de la plateforme Lamuka a expiré étant donné l’étape actuelle de la situation. Il n’est plus question de courir derrière la vérité des urnes qui semble dépassée, plutôt d’accepter les faits et jouer pleinement son rôle dans l’opposition congolaise en veillant à la gestion de Félix Tshisekedi qui, depuis seulement deux mois, a basculé de l’autre côté des affaires.