Absents des deux dernières audiences, les avocats qui défendent les personnes poursuivies pour le meurtre des deux experts de l’ONU au Kasaï, ont demandé, mercredi 10 février, à l’Etat congolais le versement de l’aide légale pour couvrir leurs indemnités. Désignés pro deo pour la plupart, ces avocats ne perçoivent pas d’honoraires. Le président du collectif de la défense fait savoir que cette demande a été formulée depuis plus d’une année déjà sans jamais obtenir de réponse.
«Notre présence comme avocat est un signe et même une caution d’une bonne justice. Voilà pourquoi en son temps le bâtonnier de l’ordre avait adressé la demande à l’Etat congolais à travers le ministre de la justice pour pourvoir à l’aide légale pouvant couvrir les indemnités des avocats. Mais jusqu’à ce jour, cette demande demeure dans les tiroirs du ministre de la Justice», explique Me Albert Nkashama.
L’avocat estime que les autorités devraient prendre en compte cette demande légitime de la défense.
« Les avocats sont des humains. Ils ont des charges, des obligations aussi bien professionnelles que sociales auxquelles ils doivent répondre. Dès que l’Etat congolais ne sait pas les entendre de cette oreille, je pense que c’est l’Etat congolais qui freine le bon déroulement de ce procès. Et non les avocat », note Me Nkashama.
L’avocat fait savoir que lui et ses confrères désignés pour assister pro deo les prévenus dans ce procès sont contraints quelque fois de renoncer à certains dossiers pour pouvoir se présenter aux audiences devant la Cour militaire qui juge les personnes accusées du meurtre de Zaida Catalan et Michael Sharp, deux experts tués au Kasaï en 2017.
« L’avocat exerce une profession libérale. Comment voulez-vous qu’on puisse prendre l’avocat deux jours de la semaine du matin au soir. Il rentre comme cela et on lui demande de continuer à prester dans ces conditions-là. Je pense que cela n’est pas humain. Nous sacrifions d’autre clients que nous sacrifions au profit des prévenus qui sont intéressés par ce procès du meurtre des deux experts », fait encore savoir Me Albert Nkashama.
« Nous jugeons nos semblables »
Mardi, une nouvelle audience du procès des présumés meurtriers des deux experts de l’ONU ne s’est pas tenue correctement. Elle a été écourtée du fait de l’absence de la majorité des conseils des prévenus.
Comme lors de la précédente audience, la plupart des accusés n’était pas assistés. Seuls quatre avocats et deux défenseurs militaires étaient présents dans la salle.
Poursuivis pour des crimes graves, les prévenus ne peuvent pas comparaître seuls. La Cour a donc été contrainte d’écourter l’audience.
Mais avant de renvoyer la cause, le président de céans en a appelé une nouvelle fois à l’humanité des avocats qui assistent des prévenus dont certains ont déjà passé plus de trois ans en détention.
« La Cour espère que les avocats reviendront au sens d’humanité », a déclaré le général Ntshaykolo, indiquant que la mention «Nous jugeons nos semblables» inscrite dans la salle d’audience était une invitation à une attitude plus humaine vis-à-vis des personnes poursuivies.
Le président de céans a annoncé que la Cour allait entrer en contact avec le bâtonnier du Kasaï-Central pour pouvoir tirer cette situation au clair. La prochaine audience est fixée au mardi prochain.
C’est depuis juin 2017 que le procès des présumés meurtriers de Zaida Catalan et Michael Sharp s’est ouvert.