Dans un communiqué diffusé jeudi 25 juillet, les Etats-Unis d’Amérique annoncent avoir pris des sanctions contre Corneille Nangaa, leader de l’Alliance Fleuve Congo (AFC) et certains de ses associées.
Sur la liste des personnes et groupes sanctionnés figurent « Bertrand Bisimwa, Twirwaneho, un groupe armé allié à l’AFC dans la province du Sud-Kivu, et Charles Sematama, un commandant et chef militaire adjoint de Twirwaneho ».
Désormais, « tous les biens et intérêts dans les biens des personnes désignées ci-dessus qui se trouvent aux États-Unis ou en possession ou sous le contrôle de personnes des États-Unis sont bloqués et doivent être signalés à l’OFAC. En outre, toute entité détenue, directement ou indirectement, individuellement ou collectivement, à 50 % ou plus par une ou plusieurs personnes bloquées est également bloquée ».
Deux des cinq prévenus présents au procès de Corneille Nangaa et consorts, ont plaidé coupables à l’audience du jeudi 25 juillet. Ils affirment avoir créé l’Alliance fleuve Congo (AFC) pour conquérir le pouvoir par tous les moyens possibles, car, selon eux, rien ne marche dans le pays.
Ils l’ont ouvertement déclaré au cours de l’audience publique devant la Cour militaire de Kinshasa/Gombe qui a débuté, le même jeudi, l’instruction des préventions de trahison et participation au mouvement insurrectionnel dont ces prévenus sont accusés.
Des motivations
Erick NKuba et Kamdja Shamatshabo affirment être co-fondateurs de l’AFC, créée le 15 novembre 2023 à Nairobi en se basant sur l’article 64 de la Constitution qui stipule que « tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu qui prend le pouvoir par la force et l’exerce en violation des dispositions constitutionnelles ».
Et Erick Nkuba revient sur les motivations de la création de ce mouvement :
« Si vous regardez dans les provinces du Nord-Kivu et du Kwilu, rien ne va, il n’y a aucun changement à Kinshasa. Nous avons créé l’AFC pour donner de la valeur aux Congolais, comme du temps de l’ex-Zaïre ».
La cour a alors posé aux deux prévenus la question de savoir, par quels moyens comptaient-ils conquérir le pouvoir ? Est-ce que la Constitution l’autorise ?
Kamdja Shamatshabo répond :
« tous les moyens étaient bons. Est-ce que tous les détournements des deniers publics auxquels on assiste dans le pays, la Constitution les autorise ? », s’interroge-t-il.
Luc Safari, un autre prévenu affirme avoir pris les armes pour défendre l’intégrité du pays menacée par le Rwanda dont il entend parler depuis sa naissance.
« Je suis un patriote qui savait tendre des embuscades aux rebelles du M23 et capturait quelques-uns à Busanza et Binza. C’est par jalousie et haine que je me retrouve devant la barre », déclare-t-il. Il nie son appartenance à l’AFC.
Arrêté à cause de son nom
Quant à Jean-Ruttens Baseane Nangaa, il avoue avoir été arrêté en janvier et détenu aux renseignements militaires pendant 6 mois parce qu’il porte le même nom que Corneille Nangaa, son neveu. Il ignore tout de l’AFC et met au défi le ministère public de lui prouver le contraire.
« Je ne suis pas membre de l’AFC. Je ne sais rien de tout ça. Je n’ai jamais été en contact avec Eric Nkuba et les autres qui ont été cités ici. Corneille Nangaa est le fils de mon grand-frère. Tous les autres que je vois ici, je les ai vus pour la première fois lors de notre transfert à l’auditorat militaire », s’est-il défendu.
Le ministère public, quant à lui, allègue que Jean-Ruttens Baseane Nangaa a été arrêté dans une des maisons de Corneille Nangaa comme gérant pour transférer de l’argent à son neveu.
Mais sa défense plaide pour qu’il soit acté que son client serait arrêté en prévenu à cause du nom qu’il porte. Les interrogatoires vont se poursuivre ce vendredi.