*Traits tirés sur le visage, Martin Fayulu tient, mordicus, à remonter à la surface. A ses risques et périls, il préfère poursuivre son combat pour la vérité des urnes. D’où, a-t-il décidé de rendre le tablier, de perdre sa casquette de Député National, pour ne pas se rabattre.
La nouvelle est tombée hier, en fin de la soirée, comme un couperet. Alors qu’il est attendu, normalement, ce samedi à Bruxelles, capitale du Royaume de Belgique, où est prévue une réunion d’évaluation avec les autres sociétaires de la Coalition électorale Lamuka, Fayulu a, d’ores et déjà, choisi de renoncer à son mandat à la toute nouvelle Assemblée Nationale.
D’après des bribes d’informations recoupées, il aurait, pour ce faire, adressé une lettre au Bureau Provisoire, pour des dispositions d’usage en la matière.
L’homme est, certes, déterminé à se faire entendre jusqu’au bout.
A la fin de cette semaine, il entrevoit une tournée euro-américaine, après qu’il ait été successivement à Beni, Butembo et à Goma au Nord-Kivu, à Bandundu, plus précisément à Kikwit, à Matadi, Muanda et Boma.
Partout où il est passé, il n’a cessé de réclamer la vérité des urnes, de se présenter en ‘’Président élu’’ et de dénoncer, derechef, l’usurpation du pouvoir en RD. Congo via ce qu’il appelle, lui-même, le Hold-up électoral que la CENI aurait opéré pour hisser Félix Tshisekedi à la tête du pays, avec la complicité de certaines officines qu’il attribue au système Kabila.
Fayulu, dur comme fer, croit encore fermement à retrouver son ‘’fauteuil’’. Voilà pourquoi, il s’évertue, contre toute attente, à sillonner le monde et à rencontrer n’importe quel interlocuteur, pour peu qu’on lui prête attention. Mais, la question qui se pose est celle de savoir comment va-t-il s’en sortir, alors que depuis un certain temps, des sons discordants retentissent du haut de la case ‘’Lamuka’’, dès lors qu’un certain Kyungu Gabriel, 80 ans, a claqué la porte en même temps que la plateforme ‘’Ensemble pour le changement de Moïse Katumbi, semble de plus en plus retrouver ses propres marques pour évoluer autrement, après la tenue des élections, le 30 décembre 2018.
Une autre question aujourd’hui consisterait à savoir également quelle serait la réaction de Fayulu, si jamais ses collègues, ceux avec lesquels il avait créé Lamuka à Genève, décidaient de ne plus se muer en plateforme politique permanente ?
D’un bout à un autre, que du nouveau chemin à parcourir. D’abord, sur le plan institutionnel, tout est, apparemment, consommé. Félix Tshisekedi, proclamé provisoirement Président de la République par la CENI, le 10 janvier, avait été confirmé par la Cour Constitutionnelle, le 20 janvier 2019 et puis, le 24 janvier 2019, devant des milliers d’invités, il avait été, enfin, investi, sous le rythme martial des coups de canon, 21 au total, au Palais de la Nation, à la lisière de la Gombe.
Aujourd’hui, il parle de ses prochains cent jours à la tête du pays et discute avec le Front Commun pour le Congo de ce qu’il convient de faire exactement pour sortir, dans les tout prochains jours, le futur gouvernement.
Comment, dans un tel contexte, Fayulu dont la volte-face de certains soutiens importants à l’instar des américains favorise Félix Tshisekedi, pourrait continuer à ramer, tout seul, à contre-courant de l’histoire actuelle ?
Et, pourtant, avec le changement ostensible de la donne sur la scène internationale, avec le retour de la Maison Schengen, peu importe sa nouvelle appellation de commission des visas européens, l’arrivée imminente du Secrétaire d’Etat Adjoint américain chargé des affaires africaines, M. Tibor Nagy, du 13 au 15 mars prochain à Kinshasa, la mobilisation tous azimuts de la plupart des acteurs politiques grâce au retour, pompeusement annoncé, des exilés politiques ou la relaxation, dans moins de dix jours, des prisonniers d’opinion, il aurait pu, logiquement, changer son fusil d’épaule.
Combien d’analystes ne lui ont-ils pas recommandé, après tous les ratés de la CENI à la Cour Constitutionnelle, de reculer pour mieux sauter ?
Quoi qu’il en soit, en 2023, la nouvelle saison électorale sonnera. Même là aussi, la ribambelle de problèmes d’aujourd’hui, – machine à voter, fichier corrompu, fraudes et autres erreurs matérielles graves -, si les choses ne pas prises au sérieux, risque de revenir en l’état.
Donc, nombreux sont ceux qui pensent que s’il est possible d’espérer un vrai changement, une transformation qualitative de la société, en misant sur des dirigeants élus dans la transparence totale, il faudrait qu’en amont, dès maintenant, que les garanties soient obtenues de la part de nouveaux dirigeants, pour que des dispositions soient prises pour ne plus jamais retomber dans les mêmes flancs hideux des élections du 30 décembre 2018.