La Coalition des Organisations de la société civile pour le suivi des Réformes et de l’Action Publique (Corap), a rendu public un communiqué sur le projet grand Inga dont une copie est parvenue à Digitalcongo.net. Selon le document, la Corap exhorte le chef de l’Etat à concentrer son action dans des solutions pour l’accès de tous les Congolais à l’électricité.
Le communiqué rendu public exhorte le président de la République à concentrer son action dans des solutions décentralisées, durables, abordables et fiables pour l’accès de tous les Congolais à l’électricité, avant de songer aux grands projets qui risquent d’hypothéquer les ressources énergétiques du pays et d’accentuer la pauvreté énergétique.
En effet, la Corap se demande si Fortescue métal groupe (FMG), à travers la filiale Fortescue future industrie (FFI), apportait réellement un nouveau paradigme dans le projet Grand Inga à l’avantage du pays et de sa population, ou n’ambitionnait que s’accaparer de la plus grande partie des ressources énergétiques de la RDC.
Lors de la cinquième conférence organisée récemment du 16 au 18 septembre 2021 par la Fédération des entreprises du Congo (FEC) sur l’énergie, les conseillers à la présidence de la République ont apporté le terme « nouveau paradigme » comme message phare sur le projet Grand Inga, tel qu’en témoigne le communiqué ci-dessous.
COMMUNIQUE
Projet Grand Inga : « Nouveau paradigme » ou accaparement des ressources énergétiques de la RDC?
L’un des messages que les Conseillers du Président de la République ont amené à Lubumbashi lors de la 5e Conférence de la FEC sur l’énergie qui s’est tenue du 16 au 18 septembre 2021, était que le modèle du Projet Grand Inga que FMG a proposé constitue un changement de paradigme. C’est-à-dire une autre façon de faire qui serait beaucoup plus avantageuse à la RDC que ne l’ont été les modèles qui ont été proposés avant.
En effet, pour les Conseillers, les anciens paradigmes, notamment le modèle du développement du Projet Inga 3 et Grand Inga proposé par l’étude de préfaisabilité réalisée par AECOM et EDF ainsi que le projet Inga 3 proposé par le Consortium Sino-Espagnol avaient tous trois éléments communs, à savoir : Coût très élevé, développement du Projet Grand en plusieurs phases et vente de la plus grande partie de l’énergie qui serait produite aux pays étrangers. Pour eux, ces éléments constituent les caractéristiques de ce qu’ils qualifient d’ « ancien paradigme ».
Or, d’après la Convention que le Gouvernement de la RDC a signée avec Fortescue Future Industrie (FFI), filiale de Fortescue Metal Group (FMG), il n’en est rien.
Cette convention identifie les sites hydroélectriques les plus puissantes qui sont dans la province du Kongo Central : de Inga 3 jusqu’à Inga 8, soit un potentiel de 45 GW ; Mpioka avec 35 GW et Matadi avec 15 GW. Au total, plus de 90 GW que FFI compte utiliser dans ses propres industries vertes qu’il va installer sur le site de Banana. La question : Quelle sera la part des populations congolaises dans ces 95 GW ? Rien, n’est réservé aux populations de la RDC. En plus, les moyens financiers dont dispose FFI ne lui permettront pas de construire toutes les phases en une fois. Il doit aller emprunter comme l’ont voulu faire ses prédécesseurs. Avec comme conséquence le surendettement de la RDC. Donc, le coût n’est pas aussi raisonnable que l’on pensait.
Au contraire, ce que l’on veut qualifier de « nouveau paradigme » ressemble plutôt à un véritable accaparement des ressources hydroélectriques de la RDC par FFI en complicité avec certains conseillers du Président de la République. Sinon, comment qualifier le fait pour une société étrangère de prendre pour son compte 95 GW, soit plus de 86% en échange des miettes, sur les 110 GW dont dispose la RDC ?
Pour la CORAP, ce « nouveau paradigme » est pire que ceux qui l’ont précédé. La Société Civile conseille au Président de la République de concentrer son action dans le développement des solutions décentralisées, durables, abordables et fiables pour l’accès pour tous les congolais à l’électricité avant de songer aux grands projets comme « Grand Inga », qui risquent d’hypothéquer les ressources énergétiques du pays et d’accentuer la pauvreté énergétique.