Dans une tribune d’opinions libres, Alex Mvuka, chercheur et analyste politique, accuse les Forces Armées de la République démocratique du Congo d’être impliquées dans la destruction de Bibogobogo dans le territoire de Fizi au Sud-Kivu, dernier milieu habité par les Banyamulenge, détruit par les miliciens Maï-maï.
Selon M. Alex Mvuka, avant la destruction des villages de Bibogobogo, la hiérarchie des FARDC a ordonné au commandant David de Baraka de quitter la zone. David Ipanga avait son travail régalien, celui de protéger la population et de lutter contre la destruction des moyens plateaux de Fizi. Malheureusement, il a été désillusionné. Son ambition du patriotisme noyée dans les calculs politiciens malveillants et mortifères.
Ce chercheur déplore qu’ « après sa mutation motivée par une stratégie maléfique, il ne reste que de regrouper 4 groupes Maï-maï dont : Yakutumba (de Mutambala), Mupasula (de Fizi), Toronto (Mutambala), et Biloze bishambuke (de Milimba) avec le soutien du régiment de FARDC de Mukela ».
« Cette étape est confirmée par plusieurs sources dont ; les assaillants eux-mêmes, les paisibles citoyens et des services à la fois de renseignements et de la société civile », explique-t-il.
Les renforts refusés aux victimes
Alex Mvuka affirme que deux semaines avant l’attaque, les soldats des FARDC ont quitté le milieu. Ils n’en restaient que 5 soldats pendant l’attaque. Ils ont fui avec toute la population victime sans tirer même une balle de dissuasion ; Et dans tout ça, les renforts ont été refusés aux victimes. Pourtant, les positions des FARDC sont à Baraka, Lweba, Lusenda et Mushimbaki.
« Le commandant à Baraka a dit qu’il ne pas venir sauver les “banyarwanda” entendez les Banyamulenge. Un message clair de cet officier accrédité est passé clairement aux yeux de tout le monde et surtout les Banyamulenge, leur demandant de se débrouiller. Les rescapés déplacés sont descendus vers Baraka, Lweba et Lusenda. Mais ils n’ont pas été protégés ni par la police ni par l’armée », regrette-t-il.
Une dizaine de morts et 75 personnes prises en otage
Par ailleurs, dénonce le chercheur et analyste politique Alex Mvuka, « pour masquer l’implication de l’état-major, les FARDC disent qu’ils vont dépêcher des militaires. Mais on apprend que le général Mukalay aurait ordonné aux militaires partis en renfort pour protéger les Banyamulenge de Bibogobogo de s’arrêter à Lusenda, alors que les victimes sont en danger d’extermination par les Maï-maï. Les sources locales font état de soixante quinze otages (75) (femmes, enfants et Hommes) une dizaine de morts.
En outre, poursuit-il, les déplacés continuent à subir les humiliations et traitements inhumains au yeux des autorités de l’État. Certains déplacés sont gravement blessés par des pierres. D’autres sont portés disparus.
Des otages Banyamulenge libérés grâce à l’intervention de Mgr Amirado
« Il n’y a aucune réaction des autorités provinciales et militaires, parce que la situation affecte les “détestés” et ceux qui “méritent la mort”. Certains parlent des “affrontements” au lieu des attaques ; certains des otages Banyamulenge ont été libérés par les interventions et négations de Mgr Amirado. Un des rares leader religieux qui a le courage de dénoncer les tueries en cours contre les Banyamulenge. Il a refusé de jouer la neutralité dans la situation d’injustices. Les FARDC ne se sont pas impliqués en aucun moment pour libérer ces otages », explique Alex Mvuka.
Ce dernier estime qu’il s’agit tout simplement d’un plan d’épuration ethnique auquel l’on assiste dans le territoire de Fizi au vue de la succession des évènements. « L’épuration ethnique est en cours et tous les ingrédients du génocide sont là. L’intention du FARDC de détruire la communauté Banyamulenge entièrement n’est plus à douter. Sachez qu’il ya aucun affrontement entre les communautés locales. Il n’y a pas de communautés en conflit. S’il y avait un conflit entre les communautés, comment expliquer que les villages de Babembe (Lusuku, kanguli, kicula, mukela, lumanya, musika, kasolokocyi, et autres) restent intacts? Et pourtant ce sont des bastions de Maï-maï », commente-t-il.
Et d’ajouter : « Il y a juste une haine des acteurs de l’Etat congolais et son armée contre les Banyamulenge. L’arme officielle a armé les Maï-maï. Comme cela ne pouvait pas suffire, l’armée protège et défend les Maï-maï. Les Maï-maï et FARDC se partagent les vaches depuis 2017 avec un objectif partagé et slogan “acha tukule ngombe za ba nyarwanda.” La perte économique que les FARDC ont causé aux victimes est plus grande que le projet de 100 jours. ».
Des faux renseignements donnés au Chef de l’État sur les opérations militaires estime Alex Mvuka
D’après Alex Mvuka, le Chef de l’État reçoit des faux renseignements à 100% sur le but des opérations militaires. Il ne pourra jamais résoudre les crises sur cette base. Et le trésor public va continuer à être vidé. Et le président ne pourra pas atteindre ses objectifs promis au peuple. Son armée est la mère de presque tous les groupes armés.
« Le Chef de l’Etat ne veut pas affronter la problématique de la haine raciale envers les Banyamulenge au Sud Kivu, de peur de perdre la base électorale dans cette partie du pays. Et sa position vis-à-vis de Banyamulenge n’est pas très différente de celle du Maréchal Mobutu d’après la Conférence Nationale qui avait choisi d’hypothéquer l’identité nationale des Banyamulenge, en les déclarant des étrangers par le truchement de la Commission Vangu Mambweni, au profit de l’électorat de l’ancien Kivu (Nord et Sud-Kivu et Maniema) qui était considéré, d’après le sondages, comme le swing state lors des élections. Sacrifier tout un peuple pour une élection en 2023. Il se trompe », conclut ce chercheur et analyste politique de la République démocratique du Congo.
Tous nos efforts pour joindre le commandement des FARDC dans la zone afin d’obtenir leur réaction à ces accusations se sont avérés vains.