L’insécurité est encore persistante dans les hauts plateaux de Minembwe. Les combats entre groupes rebelles et forces armées congolaises ont contraint les populations à se réfugier dans les localités voisines.
Dans la région des hauts plateaux de Minembwe, cela fait des années que les populations ne vivent plus en paix. Des groupes armés font très souvent des incursions dans les villages, pillant tout ce qu’ils trouvent sur leur passage et obligeant les habitants à quitter les lieux.
Comme ce 23 mars, où tout a basculé pour Paul Esube et sa famille. Ils ont dû fuir les affrontements entre les Maï Maï Yakutumba et l’armée régulière congolaise. Aujourd’hui, celui-ci vit à Makobola où il s’est réfugié.
“Nous avons vu débarquer dans nos villages des éléments des FARDC qui se sont affrontés avec des rebelles qui sont sous la conduite de Vincent Nalungi. Les affrontements n’ont pas duré longtemps. Mais peu de temps après, les FARDC ont commencé à mettre le feu à nos maisons. J’ai eu de la chance avec ma famille, nous nous sommes enfuis à Makobola. Ici nous vivons difficilement car il y a la famine.”
Une situation confuse
Cette partie du Sud-Kivu n’a pas connu la paix depuis des décennies. Différents groupes armés, aussi bien congolais qu’étrangers, seraient responsables de l’insécurité et des mouvements de population.
Selon le chercheur Christophe Vogel, toute précaution gardée, il existe en plus des groupes armés congolais d’autres groupes ayant des liens avec les pays voisins de la République démocratique du Congo.
“Pour l’instant, la situation reste assez tendue. Il y a des rapports d’affrontements entre différents groupes, il y a aussi des opérations de l’armée régulière congolaise qui sont menées. D’un côté, il y a des groupes qui sont contre le gouvernement de Bujumbura, d’autre part il y a des groupes alliés au pouvoir burundais. On parle aussi d’un groupe qui serait soit dirigé, soit qui aurait fait alliance avec Kayumba Nyamwasa, un dissident du gouvernement rwandais. Sur terrain, la situation est difficile parce qu’il n’est pas tout à fait clair s’il existe un tel groupe”, explique Christophe Vogel.
La souffrance de la population civile
Une situation tendue et complexe sur le terrain qui entraine des mouvements de population, la famine et la propagation de certaines maladies, comme nous l’explique Patrick Bahati Lusambya, membre de la société civile.
“La localité de Kanyagwe a reçu environ 150 ménages le 31 mars dernier. Certains sont arrivés sans habits, certains enfants sont arrivés séparés de leurs parents à cause des combats”, confirme Patrick Bahati Lusambya.
“Il y a un besoin de vivres pour ces déplacés. Ils ont aussi besoin d’habits parce que la plupart d’entre eux vivent dans des familles d’accueil transitoire. D’autres trouvent des petits abris et des bâches pour y passer la nuit avec leurs enfants”, ajoute-t-il pour finir.
Les récents évènements qui ont secoué la région des hauts plateaux à Minembwe ne sont pas isolés. Cela fait plus de vingt ans que cette partie de la RDC est en proie à de nombreux affrontements et massacres.